Petite Histoire du Knal

Le Knal c’était un lieu de rencontre, une bande d’amis et une philosophie de vie.

Le Knal a vu le jour durant une période transitoire de l’histoire du Sénégal  dans un contexte d’intenses activités politiques sociologiques, économiques et intellectuelles. Une période qui s’étalait  entre « Le soleil des indépendances »  et le nouvel ordre structurel mondial sous la tutelle du FMI qui toisait l’Afrique d’alors. De cette  situation découla encore une fois  l’Afrique des contestations et des prises de conscience ; l’éclosion d’idées neuves et l’émergence d’attitudes révolutionnaires au lendemain de Mai 68.

Dans ce contexte pareil  et au hasard des péripéties  de la vie, des jeunes sénégalais de Kaolack se sont liés d’amitié sincère   marquant le début d’une longue relation humaine  qui s’est construite autour de différents  genres artistiques, d’un amour mutuel et d’un désir de penser autrement.

L’origine du nom serait trivial, juste une conduite d’évacuation des eaux pluviales (une forme décadente d’infrastructure urbaine en Afrique à l’époque mais hélas toujours de mise dans toutes les villes du Sénégal) qui longeait la clôture des habitations à Bongré. Nous prenions plaisir à nous asseoir sur ses abords  faisant face à la route nationale  en parlant et en rêvant. Que d’idées et de fantaisies sont sorties de nos cervelles d’adolescents  qui aspiraient à  foutre le camps  ou à s’insérer dans une société sénégalaise mutant progressivement  vers une désintégration des ses soubassements sociologiques et de la donne politique sous l’impulsion d’ un savant du nom de Cheikh Anta Diop leader du RND ou de l’avocat turbulent et charismatique du nom de Wade le prophète du SOPI.

Nous nous sommes regroupés spontanément  à la quête d’une cause identitaire ou d’une forme de sécurité et ce faisant à étayer nos aspirations en forgeant une ferme détermination à façonner notre devenir, pour échapper aux angoisses d’une réalité terne parfois. Nous avons trouvé une échappatoire dans l’univers de l’art du sport et de la recherche scholastique.

Dans un contexte de marasme intellectuel   nous sommes parvenus  à stimuler nos aptitudes intellectuelles, comme une sorte de construction de voie de sortie de ce marasme socio-politique. Nous espérions à devenir des êtres pensants, des esprits critiques et créatifs. Nous voulions construire notre propre temple du savoir et notre espace ludique

Malgré la précarité des ressources mais du fait que certains de nos parents etaient inspecteurs d’académie, instituteurs ou administrateurs, nous avons eu le loisir d’accéder à des livres rares, et sommes parvenus à  partager nos connaissances, à pousser la réflexion et poser les actes d’ une philosophie qui nous orienta  pour la vie.

La musique nous venait d’Europe par le biais de nos frères et sœurs exilés au bord de la Seine ou en Bavière. Une musique d’avant-garde souvent inaccessible  la plupart du public sénégalais.

Autour du thé et dans l’ambiance festive des mélodies sublimes  nous avons reproduit les « salons des anciens intellectuels à la seule différence que notre salon à nous était sis à l’ombre des arbres, assis sur le bord du canal. Crachant nos vérités.

 

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